Construire sa maison dans le respect de la réglementation thermique
Lors de la construction de votre maison, ses futures performances énergétiques doivent être calculées dès le dépôt de permis de construire. En effet, votre maison devra obligatoirement respecter les exigences de la RT2012, réglementation thermique actuellement en vigueur.
Afin de conformer votre projet de construction à la loi et de vous apporter le meilleur rapport qualité-prix en termes de confort, Maîtriséco travaille en partenariat avec le bureau d’études thermiques Eleys, basé à Villeurbanne et Toulouse.
Nous avons interviewé Nicolas Barré, gérant d’Eleys.
En quoi consiste le travail d’un bureau d’études thermique lors de la construction d’une maison ?
Lors du dépôt de permis de construire, il est obligatoire de réaliser une étude thermique. L’attestation Bbio, pour besoins bioclimatiques, indique la surface de la future construction, le calcul des besoins bioclimatiques, l’énergie renouvelable choisie et les menuiseries qui doivent représenter au moins 1/6ème de la surface habitable pour favoriser l’éclairage naturel. Cette synthèse est signée par le maître d’ouvrage et joint au permis.
En plus de réaliser ces études réglementaires, nous préconisons au maître d’oeuvre, architecte ou constructeur de maison, tout ce qui se réfère à l’énergie : matériaux, types de chauffage, d’eau chaude, etc. Nous remettons un rapport complet qui lui sert de consultation pour les entreprises.
Si au cours du chantier des modifications sont faites sur le choix d’un matériau, par exemple, il nous sollicite pour que nous fassions une mise à jour de l’étude. Nous sommes les garants du respect de la RT2012.
A quoi correspond la RT 2012 ?
Pour bien comprendre la RT 2012 et les évolutions à venir, il faut remonter le temps. La première réglementation thermique date de 1975, elle est consécutive aux chocs pétroliers. L’objectif n’est pas alors de protéger la planète, mais de mieux maîtriser le coût de l’énergie. Pour que les gens puissent continuer à se chauffer.
Le premier levier était donc de consommer moins d’énergie en isolant mieux. Cela a évolué dans ce sens jusqu'en 2000-2005 où il fallait de plus en plus isoler les constructions neuves, sans que ce soit pour autant contraignant légalement.
C’est à partir de 2005 qu’il est devenu obligatoire de faire réaliser une étude thermique lors de la construction de sa maison. Durant la même période est apparu le label Bâtiment Basse Consommation (BBC). Il s’agit d’une démarche volontaire, c'est-à-dire que les personnes qui le voulaient, pouvaient faire une étude thermique en allant un peu plus loin que la RT2005 et bénéficiaient ainsi d’aides financières.
En quoi le label BBC était-il plus intéressant en termes de consommation d’énergie que la RT2005 ?
De la RT2005 au BBC, la consommation est divisée par 4. La moyenne d’un BBC est de 50 kilowattheure par mètre carré ; une très bonne performance. Le BBC a permis de faire un pas en avant et a aidé les entreprises à innover au niveau de la mise en œuvre.
Aujourd’hui, la RT2012 c’est du BBC rendu obligatoire mais qui va encore plus loin. Car entre temps, on a pris conscience du réchauffement climatique et de notre devoir de prendre soin de la planète. Avant la RT 2012, à partir du moment où la construction était économe en énergie, il n'y avait pas obligation à recourir à des énergies renouvelables.
Avec la RT2012, en plus d’un niveau de consommation d’énergie et des exigences sur la construction comme la perméabilité à l’air du bâtiment, il est devenu obligatoire d’installer un système fonctionnant avec une énergie renouvelable telle qu’une pompe à chaleur, des panneaux solaires (thermiques ou photovoltaïques), un ballon thermodynamique, de la géothermie, etc. On voit bien alors toute la nécessité de passer par un bureau d’études thermiques pour prendre en compte tous ces paramètres et les ajuster entre eux en fonction d’un budget défini de construction.
Après la RT2012, quelle est l’étape suivante ?
Pour l'instant, nous sommes toujours soumis à la RT2012 et les gens commencent à s'habituer. Mais les choses évoluent vite dans ce secteur, notamment au niveau des labels.
Les critères d’obtention du label Effinergie + sont tous orientés vers l’économie d'énergie. Mais ce label ne donne pas droit à des aides financières. Ce sont les communes qui recherchent ce label, pas les particuliers.
La RE2018 pour Réglementation Environnementale, intègre en plus des critères énergétiques tout ce qui est susceptible de produire des gaz à effet de serre. Il s’agit d’une phase test, démarrée le 17 novembre 2016, avant l’entrée en vigueur de la RBR2020 pour Réglementation Bâtiment Responsable, qui remplacera la RT2012.
Donc après le thermique, l’environnement ?
La question environnementale, qui n'était pas prise en compte avant la RT2012, tend à devenir de plus en plus prégnante. Pour la construction d’une maison, c’est toute la vie du bâtiment qui va être inspectée à la loupe. Ce qui sous-entend des analyses supplémentaires à maîtriser pour les bureaux d’études thermiques.
Que signifie prendre en compte la durée de vie du bâtiment ?
La durée de vie d’un bâtiment commence dès l’extraction des matériaux de construction et s’étend jusqu’à sa déconstruction, 50 ans après sa livraison. Il tient également compte du recyclage des matériaux. Cela signifie que pour calculer l’impact environnemental d’une maison, il faudra prendre en compte la provenance des matériaux. S’ils viennent de loin, comme de Chine par exemple, cela va avoir une conséquence négative sur l’impact carbone de la maison. Même s’il s’agit de bois issus de forêts durablement gérées.
Les distributeurs de matériaux vont donc jouer un rôle très important avec l’entrée en vigueur de la RBR2020.
Tout à fait. Aujourd’hui, une certaine épaisseur de laine de verre correspond à une certaine caractéristique thermique. Demain, nous aurons un étiquetage nous permettant de calculer l’impact carbone de la réalisation et de l’acheminement du produit vendu.
Bien sûr, ce ne sera pas si simple. Quand le produit sera issu d’une entreprise locale, nous saurons d’où il vient. Donc, on ne se trompera pas dans le calcul de son impact carbone. En revanche, ce sera plus compliqué quand le produit sera fabriqué par un industriel important possédant des usines de production partout en France. Dans ce cas, l'étiquette ne voudra plus dire grand-chose.
Autre réalité à prendre en compte : le fait que certains produits auront une « mauvaise note » en raison d’un impact carbone trop important, sur décision du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB). Mais si le client souhaite vraiment ce produit, on optera pour lui et ce sera à nous de rééquilibrer la note globale de la maison en impact carbone en jouant sur d’autres leviers. Comme aujourd’hui, ce sera un équilibre à trouver, mais plus complexe à calculer.
Nous ne savons pas encore quand la RBR2020 entrera en vigueur, mais nous savons déjà à quoi nous attendre.
Qu’attendez-vous des maîtres d’oeuvre, architectes ou constructeurs de maison qui font appel à vous pour une étude thermique ?
Qu’ils aient une expertise technique et qu’ils sachent écouter les besoins de leurs clients. L’expertise technique nous permet de parler le même langage. L’écoute client permet d’éviter le risque de changements radicaux en cours de chantier. Ce temps-là, de faisabilité et d’écoute des envies de confort, de choix de vie selon un budget défini, est un temps qu’il ne faut pas négliger. Et si dès le départ, le professionnel choisit des matériaux de qualité, comme c’est le cas de Jean-Baptiste Mante de Maîtriséco, alors là tout le monde est gagnant !
Quant à eux, ils attendent de nous de leur donner toutes les cartes nécessaires pour proposer un projet qui correspond parfaitement aux attentes de leur client. L’étude thermique n’est pas là pour contraindre mais pour ouvrir le champ des possibles.
Merci à Nicolas Barré, gérant du bureau d’études thermiques Eleys, créé en 2015. Basé à Lyon-Villeurbanne et Toulouse, Eleys réalise 70 à 100 études thermiques par mois, majoritairement pour des maisons individuelles.