Isolation du sol par mousse polyuréthane projetée
L’isolation par le sol est un levier essentiel du confort de la future maison. Comment éviter les sols froids l’hiver, alors même que le chauffage est à fond ? De nombreuses techniques existent, à commencer par les plaques fabriquées dans l’industrie, mises bord à bord et découpées par un ouvrier sur le chantier de la maison. Le risque, c’est que ce procédé n’épouse pas exactement les contours de chaque pièce, créant ce que l’on appelle des ponts thermiques, source de courant d’air non désirés, donc d’inconfort. Ce qui entraîne une surconsommation énergétique non négligeable. En tant que constructeur de maison, nous sommes toujours à l’affut des procédés d’isolation les plus performants à proposer à nos clients. C’est pourquoi nous travaillons avec l’entreprise Cirra située à Rillieux-la-Pape. Elle fait partie des rares entreprises du bâtiment en Auvergne-Rhône-Alpes à maîtriser parfaitement l’isolation du sol par projection de mousse polyuréthane. Christian Henny, l’un des associés-fondateurs, va tout vous expliquer !
En quoi consiste l’isolation du sol par projection de mousse polyuréthane ?
Il s’agit de fabriquer sur place un panneau isolant sur mesure qui adhère au sol, depuis la base du mur, et qui permet de bien traiter tous les points singuliers de la pièce. Pour cela, nous projetons en continu sur le sol de la mousse polyuréthane. Une mousse à cellule fermée, donc étanche à l’air, qui assure l’isolation thermique et l’étanchéité à l’air du sol. Ce procédé d’isolation garantit l’absence de pont thermique et de courant d’air.
Pourquoi la mousse polyuréthane est-elle l’isolant le plus efficace du marché ?
La capacité d’isolation d’un matériau est définie par une paramètre appelé lambda. Plus le lambda d’un matériau est faible plus ce matériau est bon isolant. Pour vous permettre de comparer, la laine de verre possède un lambda de 0,035 en moyenne, celui du polystyrène est 0,040. Le lambda du polyuréthane initial est 0,021.
Pourquoi lamdba initial ?
Pour mesurer la qualité d’isolation d’un matériau, deux paramètres sont utilisés : le lambda initial et le lambda vieilli à 25 ans. Imaginez une laine de verre posée contre un mur, vous venez 25 ans après, vous avez un vide en haut, la laine de verre s’est affaissée. Donc son lambda vieilli à 25 ans est bien moins performant que son lambda initial. A la pose, le polyuréthane libère relativement rapidement un gaz contenu dans la mousse qui fait passer le matériau d’un lambda initial de 0,021 à un lambda réel de 0,026, ce qui est toujours plus performant que la laine de verre, mais surtout qui sera toujours le même 25 ans plus tard !
Donc 25 ans après, la mousse polyuréthane est toujours aussi isolante ?
Oui, à condition qu’elle n’ait pas été en contact direct avec des UV. C’est pourquoi il ne faut pas utiliser la mousse polyuréthane projetée en surtoiture. Tant qu’elle reste cachée des rayons du soleil, elle est le meilleur isolant du marché. Chez Cirra, nous l’utilisons essentiellement pour le sol. Soit pour une construction, soit pour une rénovation.
En rénovation aussi la mousse au sol est intéressante ?
Très intéressante, car 1 m³ de chape classique pèse 2,2 tonnes, alors qu’1 m³ de mousse projetée pèse 45 kg avec une résistance à la compression de 15 tonnes du m². Dans de vieux immeubles au planchers bois complètement tordus, avec plus de 10 cm de niveau vous ne pouvez pas couler directement une chape liquide ; il faut d’abord remettre de niveau avec un produit très léger. Si la structure ne permet pas un ravoirage allégé, la mousse polyuréthane projetée, elle, convient tout à fait. Dans ce cas-là, la mousse polyuréthane projetée n’est pas utilisée comme un isolant thermique mais comme une chape de ravoirage extrêmement légère.
Lors de la construction d’une maison, comment se passe votre intervention ?
Comme on traite du sol, ce qui est important c’est l’altimétrie : la hauteur qu’on va mettre par rapport à une porte d’entrée, une porte fenêtre, de WC, de chambre, etc. On ne va pas laisser 5 cm sous une porte de chambre ni zéro car après notre passage il y a une finition de sol à ajouter par dessus. La contrainte qui va nous guider c’est le point de référence : le fer d’une porte d’entrée, la lèvre haute d’une baie coulissante ou autre. En amont de notre passage, on s’assure que ce qui a été prévu d’un point de vue théorique correspond à la réalité sur le chantier. Puis on projette la mousse polyuréthane avec une réserve pour la finition de sol, afin que le carreleur puisse venir glisser son carrelage, sa colle et s’aligner pile poile sur les références définies. Sauf que si on ne contrôle pas l’altimétrie avant, on peut avoir des surprises ! Notre rôle, c’est de respecter les consignes initiales puis d’être force de proposition quand la réalité ne correspond pas exactement à la théorie.
Quand vous venez projeter la mousse polyuréthane sur un chantier de maison, c’est impressionnant à voir ! Expliquez-nous.
Attention, cela va être technique ! On peut dire que nous sommes des chimistes. Avec une tenue à la Dustin Hoffman dans Alert. J’exagère, mais il faut tout de même porter un système de respiration autonome. Mais commençons par le début. Mes gars arrivent sur un chantier avec un camion abritant deux cuves de 500 ml contenant pour l’une du polyol et pour l’autre de l’isocyanate, les deux composés chimiques constituant le polyuréthane.
A l’aide d’un groupe électrogène, ces deux composés sont montés en température à 40°C. Ils sont ensuite amenés, via la pression de l’air, dans un pistolet mélangeur, à gâchette, comme un pistolet de peinture. Le mélange est de 1 pour 1. C’est hyper important. Dès qu’il y a une pompe ou un vérin qui ne marchent plus, la machine s’arrête car elle ne peut plus garantir le mélange 1 pour 1. Si on n’a pas le mélange 1 pour 1, on n’a pas la densité correspondant et donc on n’obtient pas la résistance mécanique qui va bien.
Ensuite, on projette une couche liquide de 1 à 2 mm d’épaisseur qui, au bout d’une dizaine de secondes, se polymérise entraînant un changement de phase, de la phase liquide à la phase solide, avec une expansion fois 20. La couche de 1 à 2 mm d’épaisseur se transforme ainsi en une couche solide de 3 cm. Après 20 secondes, on peut marcher dessus, c’est dur. Donc on empile les couches avec la dextérité du peintre en carrosserie automobile car si on traine, on fait des bosses, si on va trop vite, des creux se forment… Et derrière, il faudra passer plus de temps à poncer pour égaliser. Car la dernière étape, celle du ponçage, est autrement moins sympathique puisqu’il faut dévisser son cerveau, prendre une ponceuse qui fait 60 km et c’est parti ! La première fois que j’ai fait ça, avec mon gabarit de 1m 75 pour 70 kg, c’est moi qui tournait autour de la ponceuse !
Pourquoi ce procédé de mousse polyuréthane projeté est-il si peu connu en tant qu’isolant au sol ?
En fait, c’est peu pratiqué... en France. Aux USA, où le polyuréthane a été inventé avant la 2e Guerre Mondiale, ou en Belgique, cela fait plus de 40 ans qu’il est utilisé couramment en tant qu’isolant au sol. En France, le premier avis technique date de 2010. La R&D dans le bâtiment m’a toujours passionnée. Notre objectif, c’est de détenir en propre notre avis technique. On veut être co-propriétaire, avec le fabricant du produit, de l’avis technique du CSTB*. On vient de lancer la démarche. Cela mettra en avant l’expertise de Cirra.
Pourquoi travaillez-vous avec Maîtriséco ?
Le business, c’est souvent une histoire de personne, de feeling. On se rend compte qu’on partage les mêmes valeurs, l’envie d’aller au bout des choses. Jean-Baptiste Mante, je l’ai connu dans une autre vie, avant qu’il ne crée Maîtriséco. Il promouvait déjà des solutions innovantes notamment concernant l’isolation au sol. Mais pas innover pour innover, innover pour apporter plus de confort à ses clients. Maintenant qu’il est maître d’œuvre, et maître de ses choix, il s’adresse directement à ses clients, qui sont des gens sensibles à la qualité du travail. En général, un constructeur ou un promoteur, lui, va dire « fait moi de belle finition, tout ce qu’il y a derrière... ». Avec Maîtriséco, c’est pour construire durable. Alors oui, opter pour de la mousse polyuréthane projetée ça gonfle un peu l’enveloppe budgétaire du chantier, mais quel confort à l’arrivée ! Et avec des économies d’énergie à la clé.
(*) CSTB : Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
Cirra (pour Châpe, Isolation, Résine, Rhone-Alpes) a été créée en 2011. L’entreprise, composée de 8 personnes et 2 associés, propose 3 activités : l’isolation du sol par mousse polyuréthane projetée, la chape liquide (au-dessus de la mousse) et le béton ciré (en finition).